Le Carmen
L’hôtel Halévy

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L’hôtel Halévy

L'hôtel Halévy - La façade principale sur la rue de Douai

L’hôtel Halévy – La façade principale sur la rue de Douai

Les Halévy, une famille d’artistes et d’intellectuels

Sous le second Empire, la famille Halévy se fait construire un vaste hôtel particulier au Nord de la Nouvelle-Athènes, à proximité du boulevard de Clichy. Trois générations brillantes de cette famille judéo-protestante vont se succéder à cette adresse. La première génération comprend l’auteur dramatique Léon Halévy (1802-1883) et son épouse Alexandrine Lebas (1813-1893), fille de l’architecte Hippolyte Lebas (voir l’église Notre-Dame de Lorette).

L'hôtel Halévy - Le Carmen

L’hôtel Halévy – Le Carmen ©Le Carmen 

La deuxième génération comprend leurs deux enfants, Ludovic et Valentine. Ludovic Halévy (1834-1909) est un brillant librettiste des œuvres d’Offenbach, Delibes et Bizet. Il épouse Louise Breguet, appartenant à la dynastie d’horlogers et de pionniers du télégraphe et de l’aviation. De cette union naissent Elie Halévy, historien, et Daniel Halévy, essayiste. La fille de Daniel Halévy, François Halévy, épousera à son tour Louis Joxe, plusieurs fois ministre sous la présidence du général de Gaulle.

Une autre branche de la famille Halévy réside également à cette adresse sous le Second Empire : Geneviève Halévy (1849-1926) est la fille du compositeur Fromentin Halévy, frère de Léon Halévy. En 1869, elle épouse le compositeur Georges Bizet (1838-1875), dont l’œuvre la plus célèbre sera l’opéra Carmen (1875). Le couple s’installe à l’hôtel Halévy.

Geneviève Bizet (1849-1926) qui deviendra ensuite Mme Strauss

Geneviève Bizet (1849-1926) qui deviendra ensuite Mme Strauss

Geneviève Bizet, une célèbre salonnière

Geneviève Bizet est l’une des salonnières les plus actives de son époque. Elle tient un salon réputé à l’hôtel Halévy où elle reçoit le monde des arts (Ludovic Halévy, Henri Meilhac, Georges de Porto-Riche, Edgar Degas, Guy de Maupassant, Paul Bourget) et la haute société (la comtesse de Chevigné, la comtesse Potocka, la duchesse de Richelieu, la baronne Alphonse de Rothschild).

Georges Bizet meurt brutalement d’un infarctus en 1875, quelques mois après la première de Carmen, très mal reçu par le public. Sa veuve demeure rue de Douai jusqu’à son remariage avec Emile Strauss (1844-1929), avocat de la famille Rothschild. Elle entame alors une deuxième « carrière » de salonnière recevant dans son appartement du boulevard Haussmann. C’est chez elle que Marcel Proust rencontre Charles Haas, qui sera le modèle de Swann dans A la recherche du temps perdu. Geneviève Strauss inspire elle-même à l’écrivain ses personnages d’Orianne de Guermantes et d’Odette Swann.

L'hôtel Halévy - La façade sur la rue Duperré - Entrée du Carmen

L’hôtel Halévy – La façade sur la rue Duperré – Entrée du Carmen

Un hôtel inspiré de l’architecture classique

L’hôtel Halévy a la particularité de présenter plusieurs façades juxtaposées, étant à l’intersection de trois rues. La façade principale, située au n°22 rue de Douai, est la plus raffinée. L’architecte s’est visiblement inspiré des styles Louis XIV et Louis XV. Le rez-de-chaussée appareillé à refends est rythmé par des arcades dans lesquelles prennent place des fenêtres. Au 1er étage, un long balcon orné de ferronneries repose sur de très belles consoles sculptées en forme de volutes. Au centre, des arcades percées de fenêtres et des pilastres embrassent à la fois le 1er et le 2e étage.

Une luxueuse maison close

Au début du XXe siècle, le rez-de-chaussée de l’hôtel est transformé en « bouillon », un type de restaurant populaire en vogue. Après la Première Guerre mondiale, l’hôtel abrite une luxueuse maison close dans un quartier qui en compte déjà beaucoup ! Suite à la promulgation de la loi Marthe Richard, tous ces établissements de plaisir fermeront en 1946.

L'hôtel Halévy - L'un des salons du Carmen

L’hôtel Halévy – L’un des salons du Carmen ©Le Carmen 

Le bar-club le Carmen

Au rez-de-chaussée de l’hôtel Halévy, le Carmen (nommé ainsi en hommage à Bizet) est aujourd’hui un bar-club composés plusieurs salons au flamboyant décor néo-roccoco, et doté d’un petit night-club au sous-sol. Le lieu se privatise pour des soirées.

Sources :
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Le Carmen

Adresse : 22 rue de Douai, 26 rue Fontaine et 34 rue Duperré

Métro : Blanche ou Pigalle

Arrondissement : 9e

Téléphone :