Le musée Rodin
L’hôtel Biron

Le financier Peyrenc de Moras

L’architecte Jean Aubert construit entre 1727 et 1737 cet hôtel particulier pour le compte du financier Abraham Peyrenc de Moras. Ayant fait fortune grâce à la banque Law, Peyrenc habitait auparavant le Marais dans un hôtel qu’il avait fait construire, l’hôtel Bergeret de Frouville.

De somptueuses boiseries rocaille

Situé dans le faubourg Saint-Germain, l’hôtel particulier se présente à la fois comme une maison de ville entre cour et jardin et comme une maison de plaisance. La demeure est isolée au milieu du jardin ce qui est encore peu fréquent à Paris à l’époque, les hôtels particuliers étant traditionnellement mitoyens. Ses gracieux avants-corps latéraux s’incurvent aux angles. Double en profondeur, l’hôtel présente de très beaux salons d’angle en rotonde sur le jardin. Ce parti est similaire à celui du Palais-Bourbon construit par le même architecte. A l’intérieur, les très belles boiseries d’époque, dispersées à la fin du XIXe siècle, ont pu être miraculeusement retrouvées et remontées, notamment les boiseries rocaille des salons d’angle. Précédé d’un vestibule, le magnifique escalier d’honneur est munie d’une rampe de style Louis XV, restitution moderne ornée de fleurs stylisées.

Le maréchal de Biron

De 1736 à 1753, l’hôtel est habité par la duchesse du Maine, fille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan; les fêtes qu’elle donne dans son château de Sceaux sont fastueuses et prisées par l’aristocratie. En 1753, Louis-Antoine de Gontaut-Biron, futur maréchal de Biron, en fait l’acquisition et laisse son nom à l’hôtel. A partir de 1788, de nombreux propriétaires et locataires vont se succéder. En 1820, la duchesse de Charost vend la propriété à une congrégation religieuse qui y crée un établissement d’éducation pour jeunes filles . En 1876, une chapelle de style néo-gothique, œuvre de l’architecte Juste Lisch, est bâtie dans le jardin pour son compte.

Les artistes investissent l’hôtel Biron

Au tout début du XXe siècle, l’hôtel Biron est à l’abandon et son avenir devient très incertain. A partir de 1905, plusieurs locataires s’y installent. Parmi eux, l’écrivain Jean Cocteau, le peintre Henri Matisse, la danseuse Isadora Ducan, la sculptrice Clara Westhoff (épouse du poète Rainer Maria Rilke).

L’atelier d’Auguste Rodin

En 1908, Auguste Rodin y occupe un appartement puis la totalité de la demeure à partir de 1911 . La même année, l’hôtel est vendu à l’ Etat. Mais Rodin refuse de quitter les lieux et propose d’offrir à l’Etat l’ensemble de son œuvre à condition d’ y demeurer pour le restant de ses jours. Rodin meurt en 1917; le musée Rodin est inauguré dès 1919.

Un écrin idéal pour un musée de sculptures

L’hôtel Biron et son jardin de 3 hectares sont un magnifique écrin pour exposer les œuvres d’Auguste Rodin. On peut y admirer ses sculptures les plus célèbres, comme Le Penseur, Adam et Eve, les Bourgeois de Calais, Le Baiser et bien d’autres moins connues. Le musée comporte également une salle dédiée à Camille Claudel, collaboratrice de Rodin et elle-même une talentueuse sculptrice. Enfin, on découvrira certaines pièces de la collection personnelle du sculpteur : des peintures de Vincent Van Gogh, Auguste Renoir, Claude Monet, etc, et des sculptures de Jules Dalou, Alexandre Falguière, etc.

L’ancienne chapelle réaménagée

De 2012 à 2015, l’ancienne chapelle a été transformée par l’architecte Pierre-Louis Faloci en un bâtiment fonctionnel comprenant l’accueil, la billetterie, une boutique, un auditorium et des salles destinées aux expositions temporaires.

Horaires d’ouverture : le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10h à 18H30.

Pour l’architecte Jean Aubert, voir également le Palais-Bourbon.

Pour l’architecte Juste Lisch, voir également la gare Saint-Lazare, le Grand Hôtel Terminus, le futur musée Giacometti.

Sources :
Belles Demeures de Paris, ouvrage collectif, Paris, Hachette Réalités, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 2008.
Musée Rodin