L’hôtel d’Hallwyll

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L’hôtel d’Hallwyll : le portail

Une œuvre néoclassique

Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) est l’un des principaux créateurs du style néoclassique apparu en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Malheureusement, la plupart de ses constructions privées parisiennes sont détruites au cours du XIXe siècle : l’hôtel d’Uzès, l’hôtel de Mlle Guimard, l’hôtel Thélusson (son chef d’œuvre), l’hôtel de Montmorency et les maisons Hosten. En cause, la spéculation immobilière. Miraculé, l’hôtel d’Hallwyll est une œuvre exceptionnelle. C’est un des meilleurs exemples d’architecture néoclassique à Paris. ce style est marqué par des références antiques et une certaine rigueur en réaction au style rocaille.

Un élégant portail sur rue

Sur la rue, l’hôtel se signale par un long corps de bâtiment à refends marqué par un entablement entre le rez-de-chaussée et l’étage. La composition est symétrique, axée sur un imposant portail central encadré de colonnes doriques cannelées. Au-dessus, le tympan est décoré de sculptures représentant deux figures ailées attribuées sans certitude à Louis-Claude Vassé.

L’hôtel d’Hallwyll : la façade sur cour ©www.stone-invest.com

Un logis plus ancien rhabillé au goût du jour

Au fond de la cour, le logis n’est pas une construction ex-nihilo. Ledoux semble avoir modifié et rhabillé un logis plus ancien datant de la fin du XVIIe siècle. Pour preuve, des plafonds à poutres et des solives peintes exécutés vers 1629 sont encore présents au rez-de-chaussée et au premier étage. Le logis est appareillé à refends comme le bâtiment sur rue. Sur les trois travées centrales, des frontons triangulaires et cintrés surmontent les baies du premier étage. Ils sont décorés de couronnes de laurier et de feuillages. Deux pavillons encadrent le logis, prolongés par deux ailes basses. Dans le pavillon de gauche, un bel escalier d’honneur conserve une rampe en fer forgé à motif de balustres.

L’hôtel d’Hallwyll : l’escalier d’honneur ©www.stone-invest.com

Un atrium imité de l’antique

Ledoux reprend sur le jardin la même disposition que celle de la cour mais il y introduit un élément original inspiré d’un atrium antique : un portique soutenu par des colonnes doriques habille les deux côtés du jardin. Sous chaque portique, des bas-reliefs représentent des feuillages et des putti. Au fond du jardin, un très rare nymphée du XVIIe siècle est conservée : de chaque côté de la fontaine, l’architecte a ajouté une urne renversée qui semble déverser de l’eau pétrifiée.

L’hôtel d’Hallwyll - Le tympan sculpté du portail

L’hôtel d’Hallwyll – Le tympan sculpté du portail

Hallwyll, un colonel de la Garde Suisse

L’hôtel précédent appartient en 1718 à un conseiller au parlement, François Midorge. Il est loué à la banque Thélusson, Necker et Cie. Le célèbre banquier suisse Jacques Necker l’habite de 1757 à 1766. Ministre de Louis XVI de 1777 à 1781 puis de 1788 à 1790, il a joué un rôle politique majeur pendant la Révolution. Sa fille, Germaine Necker, deviendra plus tard la célèbre écrivain Madame de Staël. En 1766, le comte d’Hallwyll, colonel des Gardes Suisses et son épouse, Marie-Thérèse Midorge, confient à Claude-Nicolas Ledoux le remaniement de leur hôtel. Ce projet apporte d’ailleurs à l’architecte une certaine notoriété auprès de la clientèle parisienne. En 1790, le prince hongrois Esterhazy en fait l’acquisition. Puis de 1818 à 1849, la famille Guyot de Villeneuve en est propriétaire. Comme beaucoup d’hôtels particuliers du Marais, l’hôtel d’Hallwyll est ensuite livré au commerce. Restauré en 1990 puis en 2011, il est privé et n’est malheureusement pas ouvert au public.

L’hôtel d’Hallwyll - La façade sur jardin

L’hôtel d’Hallwyll – La façade sur jardin et l’atrium qui l’entoure

Pour l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, voir également la barrière d’Enfer, la barrière de Chartres, la barrière du Trône, la rotonde de la Villette, l’hôtel Thélusson, l’hôtel d’Uzès.

Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Guide du Patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 28 rue Michel Le Comte

Métro : Rambuteau

Arrondissement : 3e

Téléphone :