L’hôpital
de la Pitié-Salpêtrière

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L’hôpital de la Salpêtrière

Un ancien dépôt de poudre

Sous Louis XIII, on décide d’entreposer la poudre à canon, matériau explosif très dangereux, à l’extérieur de la ville : le Petit Arsenal est bâti en 1636 dans le faubourg Saint-Victor. La fabrication de la poudre nécessitant du salpêtre, ce matériau laisse son nom au lieu. Plusieurs vestiges du Petit Arsenal subsistent encore aujourd’hui.

Vue de l’hôpital de la Salpêtrière © Roger-Viollet

L’hôpital général de Paris

En 1656, le gouvernement de Louis XIV décide de créer l’hôpital général de Paris : malgré son nom, cet hôpital vise à enfermer mendiants, pauvres, aliénés, handicapés et prostituées sans pour autant les soigner. Cinq établissements sont créés : Pitié, Scipion, Savonnerie, Bicêtre et la Salpêtrière. L’hôpital de la Salpêtrière est destiné aux femmes. Volontairement éloignés des femmes, les hommes pauvres ou malades sont enfermés dans un grand hôpital situé au Kremlin-Bicêtre. Quant aux gens malades, ils sont envoyés à l’Hôtel-Dieu sur l’ile de la Cité.

L’hôpital de la Salpêtrière : la chapelle Saint-Louis

Plusieurs architectes successifs

Plusieurs architectes renommés vont sur se succéder sur le chantier : Antoine Duval, Louis Le Vau, Libéral Bruant, Germain Boffrand, Jacques-Antoine Payen, Charles-François Viel. La construction de la longue façade du bâtiment (215 m) commence en 1658. Au centre de la façade, le pavillon percé de trois arcades mène à la chapelle Saint-Louis accolée à l’arrière. Les travaux de l’aile gauche, l’aile Mazarin, commencent en 1658 sous la conduite de l’architecte Antoine Duval. A l’arrière, deux ailes parallèles à l’aile Mazarin complètent la composition : l’aile Montyon et l’aile Hémey (cette dernière est très probablement un vestige du Petit Arsenal de 1634).

Une composition inachevée

Le plan de l’aile droite, appelée aile Lassay, est proposé en 1729 par le grand architecte Germain Boffrand (1667-1754). Elle ne sera exécutée qu’en 1756 par l’architecte Jacques-Antoine Payen après la mort de Boffrand. Mais la composition initialement prévue ne sera finalement jamais achevée : il n’existe pas de pendant aux ailes Montyon et Hémey. Vers 1780, le pavillon d’entrée qui précède la cour d’honneur est construit par Jacques-Antoine Payen. Puis l’architecte Charles-François Viel (1745-1819), spécialisé dans l’architecture hospitalière, succède à Payen comme architecte des Hôpitaux.

L’hôpital de la Salpêtrière : la chapelle Saint-Louis

Une chapelle originale par son plan

Dessinée en 1670 par Louis Le Vau (qui meurt la même année), la chapelle est exécutée par l’architecte Libéral Bruant. Elle présente un plan carré en croix grecque formée de quatre nefs principales. A chaque angle de la croix, une chapelle secondaire octogonale se greffe sur le chœur situé au centre. Eclairé par un lanternon situé au sommet de la coupole, l’autel est placé au centre et visible de tous. Grâce aux quatre nefs et quatre chapelles secondaires, on isole volontairement les femmes suivant leur condition ou leur pathologie : les aliénées, les handicapées, les galeuses, les syphilitiques, les mendiantes, etc. Jusqu’à 4.000 femmes peuvent assister aux trois offices quotidiens.

L’hôpital de la Salpêtrière : la prison de la Force

Une prison pour femmes

En 1684, l’architecte Barthélémy de Dieppe est chargé de construire une prison pour 300 femmes : la Maison de la Force située au Nord de l’hôpital. On y incarcère les criminelles, les sorcières et les prostituées.

La naissance de la psychiatrie

En 1795, l’arrivée de Philippe Pinel (1745-1826), nommé médecin-chef, va enfin faire bouger les choses. Pinel réorganise l’hôpital et libère les aliénés. Il ne s’agit plus de les punir mais de chercher à les aider à retrouver la raison. Pinel est considéré comme le fondateur d’une nouvelle discipline : la psychiatrie.

La naissance de la neurologie

En 1862, Jean-Martin Charcot (1825-1893) et Alfred Vulpian (1826-1886) sont nommés chefs de service. L’apport de Charcot et ses collègues à la médecine va s’avérer considérable. Il travaille sur l’hystérie, les maladies du système nerveux (sclérose en plaque, maladie de Charcot qu’il découvre), crée un laboratoire photographique, une salle d’hydrothérapie. Charcot fonde également l’école de la Salpêtrière qui constitue l’âge d’or de l’hypnose comme méthode d’investigation. En 1882, la première chaire mondiale de neurologie est créée et confiée à Charcot, c’est sa consécration. Sa célèbre bibliothèque a été transférée dans l’Institut du Cerveau.

L’hôpital de la Salpêtrière : la chapelle Saint-Louis

La fusion des deux hôpitaux

En 1906-1910, l’ancien hôpital de la Pitié est reconstruit au Sud de l’hôpital de la Salpêtrière. Il est constitué d’un ensemble de pavillons en brique conçu comme une cité-jardin selon des principes hygiénistes. En 1921, les dernières aliénées quittent la Salpêtrière. A partir de 1930, des cliniques de spécialité forment des hôpitaux autonomes qui se juxtaposent dans l’enceinte de l’hôpital. En 1964, la fusion de la Salpêtrière et de la Pitié donnant naissance au Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière.

Les agrandissements successifs

Dans la seconde moitié du XXe siècle, de nombreux bâtiments sont ajoutés. Ils ne forment toutefois pas un ensemble cohérent avec l’ancien hôpital et leur qualité architecturale est souvent très contestable, voir absente pour certains. L’Institut de Myologie (également appelé bâtiment Babinsky) de l’architecte Pierre Riboulet, fait toutefois exception. Il annonce une nouvelle génération de bâtiments hospitaliers. Au début du XXIe siècle, l’Institut de Cardiologie, l’Institut du Cerveau et l’Institut E3M (Endocrinologie, Maladies métaboliques et Médecine interne) sont venus compléter les nombreuses divisions et pavillons existants. La Pitié-Salpêtrière est aujourd’hui une véritable ville dans la ville, occupant une superficie de 33 hectares.

Visiter l’hôpital de la Salpêtrière

Nous proposons une visite guidée de l’hôpital de la Salpêtrière pour les mini-groupes (jusqu’à 5 personnes) et les groupes (de 6 à 25 personnes).

L’hôpital de la Salpêtrière : la chapelle Saint-Louis

Pour l’architecte Libéral Bruant, voir également l’hôtel Libéral Bruant, l’hôtel des Invalides, l’église Saint-Jacques du Haut Pas, la maison de l’architecte Bruant, les hôtels Gueston.

Pour l’architecte Louis Le Vau, voir également le château de Vaux-le-Vicomte, le château de Versailles, l’hôtel Lambert, le collège des Quatre Nations, le palais du Louvre, le palais des Tuileries, l’hôtel Bautru, le domaine de Trianonla chapelle de l’Institut de France.

Pour l’architecte Germain Boffrand, voir également l’hôtel de Soubise, l’hôtel de Seignelay, l’hôtel Amelot de Gournay, l’hôtel de Beauharnais, l’hôtel de la Chancellerie d’Orléans, l’hôtel de Villars, les trésors cachés du Petit Luxembourgl’église Saint-Merri.

Pour l’architecte Jacques-Antoine Payen, voir également le Mont-de-Piété.

Pour l’architecte Charles-François Viel, voir également l’hôpital La Rochefoucauld, le Mont-de-Piété, l’hôpital Cochin, la prison de la Petite Force, les Petites Loges.

Pour l’architecte Pierre Riboulet, voir également l’hôpital Robert Debré.

Sources :
Langlois (Gilles-Antoine), Guide du promeneur 13e arrondissement, Paris, Parigramme, 1996.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 47-83 boulevard de l’Hôpital

Métro : Gare d’Austerlitz ou Chevaleret

Arrondissement : 13e

Téléphone : 01 42 16 00 00