Le Mémorial
des Martyrs de la Déportation

Accueil|Articles|Architecture moderne et contemporaine|Le Mémorial
des Martyrs de la Déportation

Le Mémorial des martyrs de la Déportation se situe dans le Square de l’Île de France au chevet de la cathédrale Notre-Dame sur l’ile-de-la-Cité. Conçu par l’architecte Georges Henri Pingusson et inauguré le 12 avril 1962 par le général de Gaulle, il rend hommage aux déportés de France vers les camps de concentration et les abus de mise à mort.

Le mémorial des Martyrs de la Déportation a été construit à l’initiative de l’association du « Réseau du Souvenir » fondée en 1952 par l’avocat et résistant Paul Arrighi, rescapé du camp de Mauthausen, et d’Annette Lazard, veuve d’un déporté mort à Auschwitz-Birkenau. Elle réunit d’anciens déportés et résistants ainsi que des familles de victimes. Le Réseau est un des initiateurs du film Nuit et Brouillard d’Alain Resnais et de la « Journée nationale de la Déportation ». Dès 1953, le Réseau a souhaité la construction d’un Mémorial en souvenir des vies sacrifiées de centaines de milliers d’hommes, de femmes, et d’enfants, déportés par mesures de répressions et dans le cadre de la « Solution finale ».

Le mémorial des Martyrs de la Déportation

Le mémorial des Martyrs de la Déportation

En 1961, l’association dépose une demande de construction auprès du ministre des Anciens Combattants, Raymond Triboulet, qui soutient le projet. Le Réseau a désigné l’architecte Georges-Henri Pingusson pour sa réalisation. Le choix de l’implantation à la pointe Est de l’Île de la Cité n’est pas sans signification. La Ville de Paris, qui avait offert le terrain, délivre l’autorisation de construction du mémorial en 1956. En 1964, le Réseau du Souvenir en fait don à l’État. Aujourd’hui, le mémorial, propriété de l’État, est géré par le ministre des Armées et confié à l’ONAC.

Le mémorial est une évocation de la souffrance des déportés de France pendant la Seconde Guerre mondiale dans les camps de concentrations entre 1941 et 1944, réunissant dans l’hommage les victimes de la répression et de la Solution finale. L’objectif visé par le « Réseau du Souvenir » à travers la construction de ce mémorial est de transmettre le souvenir, de susciter l’hommage de la Nation et de lutter contre la résurgence des idéologies révisionnistes, nazies et totalitaires.

Le mémorial des Martyrs de la Déportation

Le mémorial des Martyrs de la Déportation

De par son architecture épurée, le Mémorial des martyrs de la Déportation suggère une expérience physique et spirituelle intense construite autour de sentiments tels que l’oppression et l’étouffement. Le parcours pédagogique complémentaire inauguré en avril 1975 dans les salles supérieures, a été entièrement rénové au printemps 2016. Des audioguides en français, anglais et allemand sont mis à disposition des visiteurs; ils les accompagnent dans leur cheminement et les immergent dans l’esprit du lieu.

La visite du mémorial se conçoit comme un parcours : propice au recueillement et au souvenir. Il aboutit à une crypte où sont inhumés les restes d’un déporté inconnu ainsi que quinze urnes. Symboliquement transférées dans le mémorial le 25 juin 1962, elles contiennent de la terre et des cendres provenant des principaux camps. D’emblée le visiteur est progressivement coupé du monde extérieur par des escaliers raides et abruptes, faisant lentement disparaître le paysage urbain et menant à un parvis à ciel ouvert de forme triangulaire. Cette rupture a pour but de favoriser la réflexion. Le parvis, surplombé par de hauts murs et ne laissant entrevoir qu’un coin de ciel bleu, procure une impression d’étouffement.

Une ouverture fermée par une herse métallique donnant sur la Seine évoque l’emprisonnement et l’impossible évasion des déportés. Deux blocs monumentaux symbolisent l’entrée d’une crypte hexagonale au centre de laquelle se trouve une plaque circulaire. Sur son pourtour figure l’inscription « ils allèrent à l’autre bout de la Terre et ils n’en sont jamais revenus ». La crypte se veut volontairement neutre et sans ornements afin de ne pas distraire le visiteur. Seul quelques inscriptions marquées en lettres rouges la décore parmi lesquelles « Pour que vive le souvenir des 200 000 français tombés dans la nuit et le brouillard et exterminés dans les camps nazis ».

Dans un long couloir orné de 200 000 facettes de verre représentant les victimes de la déportation repose un déporté inconnu. Au fond de ce couloir brûle une flamme éternelle en mémoire des victimes. Sur les parois des murs, figurent les noms des principaux camps de concentration ainsi que des vers de poèmes de Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Eluard, ou encore Antoine de Saint-Exupéry.

De part et d’autre de la crypte sont inhumées 15 urnes contenant de la terre et des cendres de ces camps. Ensuite, le visiteur est amené à se rendre dans les salles supérieures où se trouve la nouvelle muséographie de 2016. L’exposition se veut pédagogique et imagée. La mise en place de bornes interactives permet d’aborder l’ensemble du système concentrationnaire. En complétant l’exposition pédagogique de 1975, la nouvelle muséographie révèle l’évolution des connaissances historiques et elle fait état de l’histoire de la mémoire. La visite se termine par un retour à la crypte, cœur du mémorial, où est inscrit au dessus de la sortie « Pardonne, mais n’oublie pas ». Le visiteur revient peu à peu à la vie habituelle en revenant le square.

Le mémorial est également un lieu où se déroulent régulièrement des manifestations culturelles telles que des pièces de théâtres et des lectures théâtralisées sur le thème de la mémoire. De même, des conférences sont également organisées sur le thème de la déportation. Pour approfondir leur visite au mémorial, les visiteurs ont la possibilité de suivre une visite guidée en groupe gratuite. Les visites guidées se font en français et en anglais sous réservation au +33 (0) 1 46 33 87 56 ou par mail: memorial.martyrs.deportation@gmail.com .

Horaires d’ouverture :
Le mémorial accueille gratuitement les visiteurs du mardi au dimanche : Du 1er octobre au 31 mars :10h-12h / 14h-17h. Du 1er avril au 30 septembre : 10h-12h / 14h-19h

Pour l’architecte Georges-Henri Pingusson, voir également la Comédie de Paris.

Cet article a été rédigé par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerres.

Adresse : square de l’Ile-de-France

Métro : Cité

Arrondissement : 4e

Téléphone : 01 49 74 34 00