Immeuble
du journal France-Soir

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Le journal l’Intransigeant

L’Intransigeant est un journal fondé en 1880 par Eugène Meyer. Au départ, le titre se situe à gauche ; son rédacteur en chef est le polémiste Henri Rochefort. En 1898, le journal se rallie à la presse antisémite lors de l’affaire Dreyfus. En 1905, Léon Bailby, de tendance nationaliste, rejoint le journal qui devient dans les années 1920 le principal quotidien de droite. En 1932, l’Intransigeant est cédé au groupe Louis-Dreyfus et s’affirme plus comme un journal de tendance centriste. En juin 1940, le journal cesse sa publication avec l’invasion allemande. L’immeuble est réquisitionné par les services de propagande allemands qui y installent le Pariser Zeitung. Après guerre, plusieurs journaux issus de la Résistance occupent l’immeuble : la Défense de Paris, Franc-Tireur et Combat.

L’immeuble du journal France-Soir

Le journal France-Soir

Relancé en 1947, l’Intransigeant est absorbé en 1948 par le journal Paris-Presse. Fortement concurrencé par France-Soir, il est à son tour absorbé par celui-ci. 1er quotidien français, France-Soir, créé en 1944, est dirigé par Pierre Lazareff (1907-1972) jusqu’à sa mort en 1972. C’est l’âge d’or du journal qui dépasse le million d’exemplaires vendus quotidiennement dès 1953, porté par les événements des guerres de la décolonisation française en Asie et en Afrique.

Pierre Lazareff, un homme d’influence

Pierre Lazareff est sans doute le patron de presse le plus dynamique à cette époque : il crée le journal du Dimanche en 1949, relance France-Dimanche en 1956, lance Télé 7 jours en 1960. Au n° 100 rue Réaumur, il dirige une rédaction de plus de 400 personnes. Pionnier de l’actualité télévisée, Lazareff est également à l’origine de Cinq colonnes à la une, la 1ère émission d’information et de reportages créée en 1959. Sa femme, Hélène Gordon-Lazareff (1909-1988), a de son côté lancé le magazine Elle dès novembre 1945. Ce couple mythique de la presse a animé de 1952 à 1972 dans sa propriété de Louveciennes un déjeuner dominical où se réunissaient les meilleurs noms de la politique, des arts et des lettres. Le journal France-Soir restera installé au n° 100 rue Réaumur jusqu’à son déménagement à Aubervilliers en 1998. Propriété du groupe Hachette depuis 1949, le quotidien passe sous le contrôle du groupe Robert Hersant en 1976. Restructuré, perdant peu à peu son lectorat, il est menacé de dépôt de bilan en 2005. Racheté en 2009 par le milliardaire russe Alexandre Pougatchev, France-Soir cesse sa parution papier en 2011. Après sa liquidation judiciaire en 2012, une version numérique est lancée en mars 2013.

Un bâtiment dans le style des années 1930

En 1929, l’architecte Pierre Sardou (1873-1952) livre pour le journal l’Intransigeant un bâtiment d’un grand classicisme en apparence. Sur la rue Réaumur, des bas-reliefs du sculpteur Henri-Edouard Navarre représentent les travailleurs du journal : le téléphoniste, la dactylo, le reporter, le typographe, le metteur en page, le rotativiste. L’étonnante porte d’entrée du bâtiment est l’œuvre du ferronnier d’art Edgar Brandt. Dessus, on distingue parmi les arabesques des navires, dirigeables, avions, moteurs… autant de moyens qui permettent de faire circuler les nouvelles du monde. A l’origine, un héliostat (machine qui réfléchit la lumière du soleil) permet d’éclairer la cour située à l’arrière, en forme de demi-cône. L’immeuble de l’Intransigeant et de France-Soir a été entièrement rénové en 1993 par l’architecte Jean-Jacques Ory. Il est occupé aujourd’hui par des bureaux.

Pour l’architecte Pierre Sardou, voir également l’église Notre-Dame du Rosaire, le collège Modigliani.

Sources :
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.

Adresse : 100 rue Réaumur

Métro : Sentier

Arrondissement : 2e

Téléphone :